La protection des indigènes, une cause disputée


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Année Conférences, accords
internationaux
Associations et réseaux de protection en Europe Associations et réseaux de protection en France
1837

Commission d’enquête parlementaire sur les spoliations et les violences commises contre les indigènes dans les colonies.

Création de l’Aborigines’ Protection Society à Londres. Elle émane directement du mouvement abolitionniste, au faîte de sa puissance en Grande-Bretagne.

Création en parallèle de la British & Foreign Anti-Slavery Society (1839) qui lutte contre la traite et l’esclavage dans le monde entier et de l’African Civilization Society qui combat la traite en Afrique et disparaît dès 1843, après l’échec spectaculaire de sa première mission au Nigéria.

1848

Abolition de l’esclavage en France et dans les colonies françaises (loi Schœlcher).

La Société française pour l’abolition de l’esclavage disparaît en 1850.

1879 Léopold II créée et dirige l’Association internationale africaine pour explorer le bassin du Congo, dans le prolongement du congrès de Géographie qu’il a organisé dès 1876 à Bruxelles.
1881 Création par Paul Leroy-Beaulieu de la Société de protection des indigènes des colonies françaises. Elle est présidée par Schœlcher, recrute plus de 400 membres et publie un bulletin de 1882 à 1885.
1885

Conférence « africaine » de Berlin. Elle impose le libre-échange dans le bassin du Congo, la libre navigation sur le Congo et sur le Niger et fixe les conditions à remplir pour revendiquer un territoire en Afrique.

Création de l’État indépendant du Congo dont Léopold II (roi des Belges) devient le souverain. Léopold II obtient sa reconnaissance par des accords bilatéraux négociés dans les coulisses de la conférence de Berlin.

1887

1re loi octroyant pour 7 ans des pouvoirs spéciaux de répression aux agents de l’administration en Algérie (le « code » de l’indigénat).

Décret transférant les pouvoirs spéciaux de répression aux agents de l’administration coloniale en Cochinchine.

1888 Création de la Société antiesclavagiste de France par le cardinal Lavigerie.
1889 1er congrès annuel de la Paix lors de l’Exposition universelle de Paris.
1890 Conférence internationale de Bruxelles pour la suppression de la traite et de l’esclavage en Afrique, la lutte contre l’alcoolisme et l’interdiction de la vente d’armes.
1891 Création du Bureau international permanent de la paix à Berne.

Lettre de Viollet à ses collègues de l’Académie des inscriptions et belles-lettres leur demandant de ne pas subventionner la mission Dybowski vers le lac Tchad, organisée par le Comité de l’Afrique française pour préparer la conquête de ces régions.

Création de la commission sénatoriale d’enquête en Algérie, présidée par Jules Ferry, 18 membres dont Isaac.

1892

Guerre de conquête contre le royaume du Dahomey.

Création du Comité de protection et de défense des indigènes (CPDI).

Alexandre Isaac enquête avec Ferry en Algérie.

1894 Voyage d’Isaac au Sénégal et au Soudan (Mali).
1895 Guerre de conquête contre Madagascar.
1896 Début de la guerre d’indépendance des Philippines. Intervention armée des États-Unis à partir de 1898 et instauration d’une colonisation soi-disant « démocratique ».

Le CPDI demande l’abolition de l’esclavage à Madagascar.

Il proteste contre le projet de créer de nouvelles compagnies concessionnaires dans les colonies.

1898 Création de la Ligue des Droits de l’homme (LDH).
1899

1re conférence internationale de la paix à La Haye.

2e conférence internationale contre l’alcoolisme en Afrique (Londres).

1899-1902 : guerre des Boers en Afrique du Sud.

Le Bureau permanent de la paix de Berne fait circuler un questionnaire sur la politique coloniale en préparation du congrès de 1900.

Décès d’Isaac.

Le CPDI est affilié au Bureau permanent de la paix.

1900 Exposition universelle à Paris, notamment 1er congrès international de Sociologie coloniale et 9e congrès universel de la Paix. Le CPDI demande une enquête sur la mort par étouffement de 27 travailleurs engagés à terme à Mohéli, Comores.
1901

Le CPDI demande une réglementation du travail indigène dans toutes les colonies.

Spoliation des indigènes de la Nouvelle-Calédonie, 1re brochure publiée par le CPDI.

1904 Publication du rapport rédigé par le consul britannique Roger Casement sur les atrocités dans l’État indépendant du Congo.

Création par Edmund Dene Morel de la Congo Reform Association à Liverpool. Elle réclame une nouvelle réunion des participants à la conférence de Berlin pour examiner la politique menée par Léopold II et modifier le statut de l’État indépendant du Congo.

Tournée aux États-Unis de Morel et fondation d’une Congo Reform Association locale qui s’avère cependant peu active.

La Situation des indigènes aux Comores, 2e brochure publiée par le CPDI.

L’esclavage est officiellement aboli aux Comores.

Viollet dénonce la violence exercée par la mission Lenfant pour recruter des porteurs en Afrique lors de la réception du chef de mission à l’Académie des inscriptions et belles-lettres qui l’a subventionné.

1905

Février : révélation par la presse quotidienne de faits de torture commis par deux administrateurs des colonies au Congo.

Mars – septembre : mission d’inspection au Congo confiée à Pierre Savorgnan de Brazza.

Septembre – octobre : articles du député socialiste Gustave Rouanet dénonçant « la barbarie coloniale » dans L’Humanité.

31 octobre : meeting sur les illégalités et les crimes du Congo co-organisé par le CPDI et la Ligue des Droits de l’homme à l’hôtel des sociétés savantes (Paris).

Les Illégalités et les crimes du Congo. Meeting de protestation (31 octobre 1905), 3e brochure publiée par le CPDI.

1906 3e conférence internationale contre l’alcoolisme en Afrique (Bruxelles).

Le CPDI envoie un mémoire sur « Le régime des spiritueux en Afrique » à la 3e conférence internationale de Bruxelles.

Viollet refuse de s’associer à la création d’une association française de réforme du Congo, sur le modèle britannique.

Le congrès annuel de la LDH réclame une politique coloniale républicaine.

1907 2e conférence de la paix à La Haye. Les Abus financiers dans les colonies, 4e brochure publiée par le CPDI.
1908 Annexion par la Belgique de l’État indépendant du Congo qui devient la colonie du Congo belge. Création à Genève de la Ligue suisse de défense des indigènes dans le bassin conventionnel du Congo.

Création de la Ligue française pour la protection des indigènes dans le bassin conventionnel du Congo, présidé par Anatole France et animée par Félicien Challaye.

Affrontement au sein de la LDH entre les sections malgaches qui soutiennent la politique de répression du gouverneur général Victor Augagneur contre les Églises protestantes et le président de la Ligue, Francis de Préssensé, soutenu par le comité central.

1909 Fusion de l’Aborigines’ Protection Society et de la British and Foreign Anti-Slavery Society qui deviennent l’Anti-Slavery & Aborigines Protection Society (AS & APS). Aujourd’hui Antislavery International.
1911 1911-1912 : longue tournée en Afrique des nouveaux secrétaires de l’AS & APS, Alice et John Harris. 6 000 Français dépouillés de leur qualité de citoyens, (Paris, V. Giard et E. Brière, Paris, 1911), 5e brochure publiée par le CPDI.
1912

4e conférence internationale contre l’alcoolisme en Afrique (Bruxelles).

Protectorat français sur le Maroc.

Le CPDI dénonce l’introduction du régime des concessions en Côte d’Ivoire.
1913 La Grande-Bretagne reconnaît l’annexion de l’État indépendant du Congo par la Belgique.

Dissolution de la Congo Reform Association en Grande-Bretagne.

Création du Bureau international de défense des indigènes à Genève.

Création de la Ligue de défense des indigènes par Félicien Challaye.

Création de sections de la Ligue des Droits de l’homme à Dakar et à Porto-Novo au Dahomey.

Création du comité consultatif des Affaires indigènes au ministère des Colonies.

1914 3 août : début de la première guerre mondiale. Novembre : mort de Paul Viollet.
1919 Pacte de la Société des nations qui définit la notion de mandat et réaffirme la « mission sacrée de civilisation » des États civilisés sur ceux dont les populations ne le seraient pas.

Emmanuelle Sibeud
Université Paris VIII et IDHES (UMR 8533)