Les documents présentés ci-dessous sont en lien avec l’article du même titre, accessible ici.
La bibliothèque où Paul Viollet a exercé ses fonctions, entre 1876 et 1914, n’existe plus, détruite en 1969-1970. Le texte de Christian Hottin fait revivre ces bâtiments, raconte leur construction, décrit leurs particularités et leur beauté.
Afin de donner un aperçu d’ensemble de ces lieux disparus, l’internaute trouvera dans cette galerie des documents architecturaux, des commentaires de l’époque, et des avis des utilisateurs (l’équipe de la bibliothèque).
Une réalisation architecturale en deux temps.
Pour dire les choses de manière plus exacte, ce n’est pas la bibliothèque mais les bibliothèques que Paul Viollet a dirigées qui sont présentées ici : l’architecte Ernest Lheureux est l’auteur à la fois des deux premières salles construites entre 1876 et 1878, et de la troisième salle (multipliant par trois la capacité d’accueil) bâtie entre 1893 et 1898. Ci-dessous, des planches d’architecture des constructions successives.


Détail des escaliers de la salle.

Plan général.

Façade rue Cujas.

Façade sur la cour et Coupe transversale.

La double salle de lecture.

1. Vue perspective extérieure et façade sur la rue Cujas.
2. Plan – Projection horizontale des voutes et du plafond vitré.

Détails de la charpente en fer.
Un bâtiment et un architecte encensés.
Les planches donnent une idée des lieux, mais pour vraiment toucher les impressions que pouvaient susciter ces bâtiments, il faut se tourner vers les journaux de l’époque, certains d’entre eux ayant consacré un article à leur description.


Des problèmes à l’usage.
Les derniers documents présentés relatent l’utilisation de tous les jours des lieux : issus des registres de correspondance de la bibliothèque, ils évoquent les aménagements demandés, les luttes contre les courants d’air, les installations provisoires qui durent. Cette vision est évidemment biaisée, le registre n’étant le témoin que des courriers remontés à l’administration, et donc des plaintes, mais il nous a semblé intéressant de donner à voir cet aspect d’un bâtiment au quotidien.

Transcription : « À M. André architecte, ou M. Allain.
Paris le 1er février 1902.
Cher Monsieur,
J'ai conféré avec mes collaborateurs. Nous avons tourné et retourné la question. Nous croyons tous qu'il serait très avantageux et commode :
1° de faire l'escalier principal dans le fond du côté du Panthéon.
2° De ne pas percer le mur actuel de la bibliothèque, mais d'établir un second petit escalier, à partir du 1er étage du dépôt à créer.
L'existence d'un escalier aux deux extrémités de ce nouveau dépôt.
Voir le plan à la page suivante »


Transcription : « À M. Allain architecte, 13 rue des Fossés-Saint-Jacques.
Paris, le 23 février 1901.
Monsieur l'architecte,
J'appelle de nouveau, et avec la plus vive instance, votre attention sur les courants d'air qui à certains jours, rendent la salle ancienne de la bibliothèque, et souvent les deux salles intenables. Il n'est vraiment pas possible que cet état de choses se perpétue indéfiniment.
Je vous signalerai, à cette occasion, l'affreuse porte provisoire établie depuis plus d'un an entre les deux salles : il est difficile d'imaginer quelque chose de plus disgracieux.
Veuillez agréer, Monsieur l'assurance de ma considération distinguée.
Le Doyen.
Glasson. »

Transcription : « Liste des améliorations souhaitées pour la bibliothèque :
1° Ouverture à pratiquer entre les dépôts et l'ancienne salle.
2° Un trou à boucher dans le plancher des dépôts.
3° Paravent vitré et se pouvant replier à la porte d'entrée du côté de la rue Saint-Jacques.
4° Aménagement de rayons et prolongement des galeries dans l'ancienne salle.
5° Amélioration définitive au plancher de l'ancienne salle qui est sans cesse boursouflé.
6° Toutes mesures contre les courants d'air. Un essai [...] »

Transcription : « [...] (portes entre les deux salles) paraît heureux.
7° Plancher en verre au 1er étage des dépôts ou au lieu de plancher en verre, treillis très fin tout simplement posé sur le plancher en fer actuel.
En demandant l'une ou l'autre de ces améliorations, on a surtout en vue d'éviter les accidents que pourrait causer la chute d'un petit corps dur, coupant ou piquant qui, traversant les planchers, pourrait tomber au rez-de-chaussée.
Mais il faudrait être très sur [sic] qu'un corps dur ne briserait pas le plancher en verre et n'aggraverait pas le mal. C'est une question que l'architecte seul peut résoudre.
On a aussi l'espoir de diminuer les courants d'air qui sont en ce moment extrêmement incommodes et même dangereux à la place même du président de la salle. En cas d'incendie cet appel d'air aggraverait le mal.
8° Prolongement du dépôt le long de la rue Cujas au-dessus du cabinet actuel des professeurs et du couloir. Ce travail améliorerait beaucoup le coup d'œil de la rue Cujas parce que le rond-point de l’amphithéâtre pourraient être facilement utilisés et aménagés [sic] pour des livres. L'espace le plus étroit serait encore suffisant pour avoir des livres à droite et à gauche d'un passage pour [...] »

Transcription : « [...] le bibliothécaire.
Les murs sont vieux ; mais en utilisant le fer ne pourrait-on pas construire ce prolongement de dépôt.
L'espace qui reste en ce moment pour l'accroissement de la bibliothèque correspond environ à cinq ou six années : l'avenir n'est donc pas assuré.
9° Il semble qu'à l'extrémité Est de ce prolongement des dépôts, on pourrait facilement établir un cabinet convenable pour les professeurs.
Le cabinet actuel, qui est d'ailleurs un passage, laissera toujours à désirer.
10° Dans le cabinet actuel, l'amérioration [sic] de la prise de jour sur la rue est bien désirable, ce serait ce semble une assez faible dépense.
11° Amélioration aux galeries de la nouvelle salle en vue d'empêcher les chutes de volumes : un grillage pourrait, ce me semble, produire le résultat désiré.
12° Installation du gaz à côté de l'électricité dans toutes les salles. Récemment, à l'occasion d'une réparation aux appareils électriques il a fallu fermer la bibliothèque pendant deux soirées successives.
13° 1 monte-charge et 2 galeries dans l'ancienne salle qui n'a pas un seul monte-charge. »